Jean Pierre Coffe a quitté la table. La place est vide. Il nous a, bien sûr, initiés à l’importance du bien manger, à la nécessité de la vigilance, mais il fut avant tout un maître du bien vivre. Fantaisie, audace et convivialité ont été ses 3 maitresses les plus fidèles. A la douleur, à la solitude, à la grisaille de l’esprit il a toujours répondu par des coups d’éclat, des coups de vie et une impertinence terriblement spirituelle. Maman a beaucoup ri et fait la fête avec lui, leurs histoires de folles nuits avec Poiret et Serrault ont bercé les miennes. Pour moi, la ciboulette était un restaurant bien avant que je sache qu’elle parsemait aussi les œufs mayo. Quand on me demande de qui je tiens cet amour de la table, je ne peux m’empêcher de penser que les purées de légumes du potager de Jean-Pierre n’y sont pas pour rien. Il nous avait hébergées un peu plus d’1 an en 1975 dans sa maison, ça ne laisse pas indemne !
Au-delà de l’évangélisation gastronomique de tout un pays, je crois qu’il était fier d’avoir composé l’un des plus beaux jardins de France, dont il avait planté chaque arbre, connaissait chaque fleur. Les tulipes profitaient de sa conversation et les bouleaux de ses caresses « on dirait de la peau de bite » (ça ne s’invente pas). Jean-Pierre a quitté la scène, le festin est nu, il est triste. Le plus tendre des amphitryons est parti, une vie de Coffee s’achève. Ce soir, nous mangerons un morceau de pâté et boirons un coup à ta santé mon Jean Pierre. A ton panache…