A la découverte de Grenade avec ma fille

A la découverte de Grenade avec ma fille

C’est devenu un rituel familial auquel je ne saurais déroger : je m’offre un voyage par an, « en amoureux », avec chacun de mes enfants. Ces moments d’intimité, de proximité n’ont pas d’égal. Prendre trois repas par jour en tête à tête avec son enfant, le temps d’un long week-end, vous permet de le connaître mieux qu’en un an de vie de famille.

Début 2020, nous avons mis le cap sur la ville de Grenade en Andalousie avec ma fille Gaïa, alors âgée de 4 ans. Difficile de vous en parler à l’époque, les frontières se fermant brutalement quelques semaines après. Ce fut un voyage idyllique, entre forteresse des mille et une nuits, jardins d’Eden, flamenco endiablé, ruelles médiévales et... gilets jaunes. Laissez-moi vous prendre par la main pour vivre quelques jours à Grenade aussi inoubliables que les nôtres…

Un conseil : avant de partir, prenez soin de réserver votre billet d’entrée pour l’Alhambra au moins 1 mois à l’avance pour être sûr d’y entrer. Aller à Grenade sans visiter l’Alhambra serait comme aller à Versailles sans visiter le château.

Commençons par les transports. Les vols directs de France vers Grenade sont très rares, si vous n’en trouvez pas, optez pour Malaga (une ville bourrée de charme et de monuments majestueux qui peut mériter 24 ou 48 h de visite) puis louez une voiture (1h30) ou prenez le train pour Grenade. A savoir : les centres historiques de Grenade comme de Malaga sont interdits aux voitures donc elle ne vous servira que pour les longs trajets.

JOUR 1

Une fois arrivés à Grenade, optez pour un hôtel ou une location aussi proche que possible du vieux quartier de l’Albaicín. Cette colline aux rues pavées de galets fut le refuge des maures, les musulmans qui avaient conquis l’Andalousie dès le VIIIe siècle et qui, chassées de Cordoue au XIIIe siècle, ont occupés Grenade jusqu’à la Reconquista par Isabelle la Catholique à la fin du XVe siècle. De ces huit siècles de présence, l’Andalousie garde une marque profonde que les rois catholiques n’ont pas réussis à éradiquer. La beauté de l’esthétique mauresque était telle qu’ils ont conservés certaines constructions, comme l’Alhambra, tout en les modifiant selon leurs goûts et leur culture. Evitez de visiter l’Alhambra le premier jour de votre séjour à Grenade, prenez le temps de vous familiariser avec la ville. On a envie de grimper dans les rues de l’Albaicín, d’autant que le quartier offre les plus beaux panoramas sur l’Alhambra. 

Pour s’y rendre, partez de l’incontournable Plazza Nueva, empruntez la Carrera del Darro, qui longe la bucolique rivière Darro où les romains cherchaient autrefois de l’or (d’où son nom). Elle sépare les collines de l’Alhambra et de l’Albaicín. Entre ces deux géants de l’histoire on se sent tout petit et les images des ponts de pierre médiévaux empruntées autrefois par les cavaliers nasrides restent gravées à jamais. Prenez une sangria sur une des terrasses qui bordent la rivière et oubliez tout le reste… Profitez de l’enfilade de palais qui bordent la Carerra del Darro, puis grimpez dans les ruelles, nez en l’air. Visitez les anciennes mosquées transformées en église (San Nicolás, San Cristóbal, El Salvado). Profitez de l’exceptionnel belvédères de San Nicolás, où la vue sur la colline de l’Alhambra est la plus saisissante. En étant attentif, vous trouverez sûrement une terrasse de café perchée en équilibre dans cet entrelacs de maisons prolongées par des jardins (cármenes), tournées vers le soleil comme autant de tournesols.

Si vous avez un petit creux, je vous recommande le restaurant El Trillo ou les riz/arroz (ne parlez pas de paëlla à un espagnol, c’est un truc de touriste) sont délicieux et la carte réserve d’autres jolies surprises. S’il faut beau, n’oubliez pas de vous attabler à la terrasse du célèbre bar Kiki, où les coquillages et fruits de mer sont de première fraîcheur. Réjouissantes fritures de poissons ou d’aubergines au miel (une spécialité de Grenade à découvrir absolument). Ne vous étonnez pas, le « miel » grenadin est une sorte de mélasse de sucre de canne, pas désagréable mais très loin du miel « d’abeille » comme il m’a fallu le préciser.

Le soir, ne passez pas à côté d’un spectacle de flamenco. Nous avions opté pour une salle historique tenue par une famille de gitans du quartier Sacromonte : la Alboreà. Située en plein centre, le spectacle à l’avantage de commencer à 19 h. Evidemment, pas d’espagnols dans la salle à cette heure-là. Traditionnellement, le flamenco enflamme les bars à des heures avancées de la nuit mais un spectacle néanmoins intense et très maîtrisé qui nous a littéralement emballé. Pour l’évènement, ma fille a tenu à s’acheter une « vraie » robe de flamenco, pas un ersatz chinois comme on en trouve à chaque coin de rue. Pour cela je vous recommande un magasin spécialisé où l’on trouve les plus belles tenues du pays : El Rocio. Un paradis pour les fans de flamenco que nous sommes et pour les petites filles qui rêvent de jupes colorées à volants (pléonasme non ?). Préparez-vous à craquer ! Après le spectacle, il suffit de traverser la rue pour s’attabler chez El Mercader, on y cultive un style bistronomique décontracté, les vins y sont bien choisis et l’ambiance est toujours joyeuse. Vous voilà dans le bain pour cette première journée !