Quelques jours à Venise en fin d’été, en tête à tête avec mon Hadrien de 8 ans. Joie intense ! L’occasion de redécouvrir cette ville, parcourue à maintes occasions, dans laquelle j’avais tourné un « Fourchette et sac à dos » il y a 10 ans.
Que la destination me soit familière ou inconnue, ces voyages, en solo avec l’un de mes enfants, devenus rituels chaque année, confirment la maxime de Proust : « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »
Je profite toujours de ces virées pour glaner des adresses, des restos, des bons plans à partager avec vous. Et à Venise, où les touristes sont aussi nombreux que les pigeons (à moins que ce ne soient les mêmes ?), il vaut mieux préparer son voyage pour ne pas y laisser des plumes.
Tout est possible à Venise, du moment que l’on a de bonnes jambes ! La ville est construite sur la lagune, entourée de canaux et il n’est pas possible de se déplacer autrement qu’à pied. Mais chaque coin de rue étant un tableau vivant, on se prend à marcher des heures et à en oublier la fatigue.
Sachez que Venise est divisée en 6 quartiers, les « setieri », qui tiennent une grande place dans la géographie de la ville, chacun ayant son identité et son charme propre.
Avant de choisir votre hôtel, prenez en compte que le grand canal, qui divise Venise en deux, n’est traversé que par deux ponts dans la partie centrale de la ville. Je vous conseille donc un hôtel situé non loin du Rialto ou du pont de l’Accademia pour circuler plus facilement. Sinon, il vous reste le vaporetto (bateau-bus de la ville) qui va d’une rive à l’autre mais il ne faut pas être pressé !
UNE TRATTORIA AUTHENTIQUE ?
Trattoria antiche carampane : au fond d’une ruelle, prolongée par quelques tables au calme en terrasse, cette petite pépite se mérite. Mieux vaut réserver plusieurs jours à l’avance. Un succès justifié : la salle en boiseries est cosy à souhait et la cuisine célèbre les classiques vénitiens sans fausse note. On a choisi la Baccala mantecata, une des meilleures de la ville selon moi. Cousine germaine de notre brandade de morue nîmoise (les vénitiens furent les premiers à découvrir la morue – cabillaud salé – après un naufrage en Norvège au XVe siècle et ils organisèrent, avec succès, son commerce en Europe). Paradoxalement, ce que l’on appelle morue est, à Venise, du stockfish : un poisson séché mais peu salé, plus souvent de l’églefin ou du merlan. Il est réhydraté et dessalé, cuit à l’eau et monté comme une mayonnaise, au pilon avec ¼ de son poids en huile d’olive et un peu d’ail. Servi avec de la polenta blanche, autre spécialité de Venise, c’est l’apéro incontournable et irrésistible de la ville. Goutez aussi les « sarde in saor » : des sardines en escabèche (poêlées puis arrosées d’oignons au vinaigre et servies froides) accompagnées de pignons, d’épices et de raisins secs. Un témoignage de la Renaissance pendant laquelle Venise avait le monopole du commerce des épices et s’est largement laissée inspirer par la cuisine orientale. Terminez par les pâtes du jour, préparées avec les poissons les plus frais de la lagune et les légumes cultivées par le restaurant sur l’île voisine de San Erasmo.
UN BACARO (BAR A VINS ITALIEN) ?
Les « bacari » sont une institution à Venise. Les vénitiens se retrouvent dans ces tavernes pour boire un verre et grignoter de petits plats typiques servis, le plus souvent, sur des tranches de pain (« cicchettis »). Pour ne pas vous tromper, fiez-vous à l’ambiance : plus ils sont fréquentés, plus vous avez de chance de bien tomber. Nous avons fait une belle découverte : Vini al Bottegon, dans le charmant quartier du Dorsoduro. Grand choix de vins et de « cicchettis » alignés le long d’un comptoir interminable qui se prolonge jusqu’au bord du canal, envahi dès 17 h – à l’ouverture - par les clients. Surveillez les mouettes qui viennent se servir sans complexe dans les assiettes !! Attention le bar ferme à 20 h 30, ne loupez pas le créneau. Angelina Jolie aurait fait halte ici. Elle a du goût cette petite… (pour d’autres bacari, voire aussi « Une activité incongrue ? »).
UNE TERRASSE DE REVE ?
Gio’s : le restaurant de l’hôtel Saint Regis. Oubliez l’hôtel, inaccessible mais offrez-vous un déjeuner sur cette terrasse donnant sur le grand canal, assurément l’une des plus belles de Venise. Elle est située face à l’église de la Salute, qui abrite les noces de Cana du Tintoret, et offre une vue spectaculaire sur l’île de san Giorgio Maggiore. On l’a joué modeste : en prenant un plat de spaghettis à la tomate et un Bellini, on s’en sort à bon compte. Le service est lent mais avec une vue pareille, qui serait pressé !?
UN MUSEE ?
Evidemment, l’Accademia (le Louvre de Venise) vous ouvrira les portes de l’art sacré italien. Titien, Tintoret, Carpaccio, Bellini…. Impossible de quitter Venise sans avoir vu ce que la Renaissance italienne a produit de plus beau. Avec un enfant, j’ai néanmoins opté pour un temps de l’art moderne, le musée de Peggy Guggenheim. Collectionneuse visionnaire, mécène et amie des plus grands peintres de la première moitié du XXe siècle, elle légué sa collection à la ville de Venise. Bordant le grand canal, le palais qui l’abrite est un joyau et l’on peut paresser dans les jardins après avoir découvert les toiles bouleversantes qu’il abrite. Kandinsky, Paul Klee, Max Ernst, Calder, Dali, Magritte… Cela donne le tournis. Les salles sont lumineuses, les œuvres magnifiquement mises en valeur. Un moment de grâce auquel on ne peut être insensible. A réserver à l’avance !
UN BIJOUTIER ORIGINAL ?
A deux pas du musée Guggenheim, de jeunes artistes créent des bijoux aériens dans leur atelier installé dans la boutique. Jouant avec le verre de Murano, les pierres et des filets d’acier étincelants, les collections composent à l’infini des boucles d’oreille, colliers et bracelets des mille et une nuits. Prix doux au regard de la finesse du travail effectué : Designs 188.
UN ATELIER AMUSANT POUR PETITS ET GRANDS ?
Créer son propre masque vénitien, c’est possible ! Dans certains ateliers authentiques (90 % des masques vendus à Venise sont chinois), les artisans proposent de réaliser votre propre masque. Forme, couleur, décor, le choix est vaste et le travail accessible à tous. Vraiment sympa à faire en famille. Chez San Marco 596, sur le campiello San Zulian juste derrière la place Saint Marc, on fabrique des masques à la main de père en fils et tout le monde parle un très bon français, ce qui facilite l’apprentissage de la technique.