VOYAGE MERE-FILLE A LA DECOUVERTE DU LATIUM

VOYAGE MERE-FILLE A LA DECOUVERTE DU LATIUM

Je vous le disais il y a quelques semaines, ma fille Gaïa et moi sommes parties à la découverte du Latium. Nous étions motivées par la concentration de villas et de jardins qu’offre la région de Rome. En 3 jours nous avions mis au programme 4 sites historiques et 1 parc d’attraction. C’était le deal pour convaincre ma petite fille de 6 ans de faire des ruines romaines et des jardins Renaissance son terrain de jeu pendant ces quelques jours. Et tout compte fait, j’ai autant apprécié les visites culturelles que l’après-midi passée à « Rainbow Magic Land ». Que vous y alliez en famille ou en amoureux, voici nos adresses si vous voulez suivre notre route. Une des rares qui ne mène pas à Rome…

J – 1 : arrivée à Rome, nous louons une voiture et filons vers Tivoli, à une trentaine de kilomètres de Rome. On ne peut pas dire que l’on soit tombé sous le charme de la ville, pourtant fondée près de 500 ans avant Rome. Les vielles pierres sont bien cachées dans un fourre-tout chaotique et suranné, victime de l’urbanisation et de l’industrialisation d’après-guerre. Tivoli vaut néanmoins le voyage car elle recèle 3 pépites d’une valeur culturelle et naturelle inestimable : la villa Gregoriana, la villa d’Este et la villa Adriana. Notre hôtel, la Rezidensa d’Epoca Gregoriana, fut une heureuse surprise : une villa du XVIe siècle couverte de mosaïques et de peintures murales, dotée de magnifiques thermes - construits sur le modèle antique - qui achèvent ce voyage dans le temps. Les prix restent doux au regard de la taille de la chambre, de la terrasse (dont on profite peu car l’hôtel borde le fleuve Aniene, malheureusement longé par une route très fréquentée), du petit déjeuner généreux et raffiné et surtout de l’accueil exquis d’un personnel toujours aux petits soins. Autre atout du lieu : sa situation géographique, au cœur de la vielle ville et à mi-chemin entre la villa Gregoriana et la Villa d’Este.

 

La matinée fut consacrée à la visite de la villa Gregoriana. Situé Au pied des vestiges d’un temple 2 fois millénaire, ce jardin s’ouvre sur des gorges spectaculaires et dévoile l’un des jardins les plus enchanteurs d’Italie. Dans une vallée aux allures de jungle jaillissent, dans un assourdissant fracas, les eaux de la rivière Aniene, en partie détournées par une longue galerie creusée dans la roche au XIXe siècle pour éviter les crues meurtrières. Etape incontournable du Grand Tour d’Italie - ce périple aristocratique que tout gentilhomme ou artiste de l’époque se devait d’effectuer pour parfaire sa culture - les jardins de la villa Gregoriana laissent sans voix tant la puissance des éléments s’impose au promeneur. Le parcours aménagé dans cette insoupçonnable vallée vous entraîne de crête en vallon, de grotte en pont suspendu. Une visite enchanteresse qui reste gravée à tout jamais. A la sortie des jardins, un restaurant, installé derrière le temple de la Vesta qui domine majestueusement la vallée, semble vous tendre les bras : Sibilla. Répertoriée dans les meilleurs guides gastronomiques, voilà assurément une belle et bonne table. Optez pour les spécialités régionales ou les viandes, ici à leur meilleur. L’assiette de mortadelle servie sur du pain sarde fin comme du papier à musique a suffi à faire notre bonheur en entrée. Pâtes et risottis sont tous excellents. Un peu cher mais la terrasse couverte de glycine et la qualité des produits justifient de casser la tirelire.

 

L’après-midi, nous remontons le temps pour faire la découverte de la villa d’Este. Il est des lieux précédés par leur mythologie, la villa d’Este est de ceux-là. Achevé en 1560 par Hyppolite II d’Este, fils de Lucrèce Borgia et cousin de François Ier, ces tout premiers « jardins des merveilles » servirent de modèle aux jardins paysagés de toutes les cours d’Europe et plus tard, des jardins dits « à la française ».  C’est ici aussi le berceau des premiers jeux hydrauliques (fontaines musicales, théâtre d’eau, cascade artificielle…) dont les jardins royaux ne purent se départir ensuite. Les chiffres donnent une idée de cette démesure : 220 bassins et vasques, 64 cascades et des « chaînes d’eau » se déroulant sur 875 mètres. A l’opposé de la sauvagerie de Gregoriana, à deux pas de là, Este présente le raffinement ultime, la nature soumise à l’art et à la culture. Gardez-le en tête : en prévision de la construction de sa villa, Hyppolite a commandé à son architecte Pirro Ligorio une « exploration » de la villa de l’empereur Hadrien et ne s’est pas privé de la piller pour enrichir les jardins de ses marbres et de ses fresques.

J-2 : continuons de remonter le cours du temps et, après le XIXe et le XVIe siècles, entrons dans l’Antiquité en mettant le cap sur la villa Adriana, aux portes de Tivoli. Edifiée au deuxième siècle après Jésus Christ par l’empereur Hadrien, ce gigantesque complexe s’étend sur 120 hectares. Ce projet pharaonique, conçu comme une ville à part entière avec ses thermes, ses bibliothèques, ses boutiques, son théâtre, son stade, avait pour but de permettre à l’empereur de gouverner à l’abri du tumulte de Rome tout en donnant libre cours à sa passion pour les arts et l’architecture. Architecte de sa propre demeure, cet empereur pacificateur, humaniste et voyageur s’est inspiré des œuvres découvertes lors de ses voyages aux 4 coins de l’Empire (qui s’étendait tout de même à l’époque de la Mésopotamie à l’Angleterre) pour construire cette cité idéale. Malgré les nombreux pillages et dégradations subit par la villa depuis 2 000 ans, ce lieu fantomatique dégage une atmosphère d’une rare intensité à laquelle vous ne pourrez rester insensible, surtout si vous avez eu la chance de lire les mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar avant la visite. Deux lieux - parmi la multitude de sites à visiter – me semblent incontournables : le théâtre maritime et le Canope. Le premier était le refuge d’Hadrien. Dans cette pièce ronde, ornée de colonnades il pouvait se retirer et profiter de moments de solitude propices à la réflexion. Une île de pierre un peu mystique - autrefois accessible seulement par des ponts amovibles – qui résume bien ce personnage solitaire et intellectuel, avide de beauté et d’harmonie. Le Canope, bassin de 120 m entouré de statues de divinités, était voué à la mémoire d’Antinoüs, la grande passion amoureuse d’Hadrien, noyé dans le Nil. Après cette visite, vous aurez certainement besoin de vous poser au frais. La Tenuta di Rocca Bruna à quelques centaines de mètres de là, vous tend les bras. Cette imposante maison de famille propose une salle chaleureuse ornée de mille et un tableaux aux murs et autres antiquités tandis qu’une grande terrasse couverte de glycine vous offre de déjeuner à la fraiche et au calme. La cuisine est excellente et le tiramisu a remporté tous les suffrages. Un endroit à retenir.

J 3 : il giardino di Ninfa et le parc d’attraction. Situé à 1 heure au sud de la villa Adriana, le jardin des nymphes est référencé par le Daily Telegraph ou le New York Times comme l’un des plus beaux jardins du monde. Un titre un poil usurpé à mon avis mais si vous êtes dans la région et fan de jardins comme moi, la visite vaut vraiment le détour, ne serait-ce que pour l’aspect historique du site. Étonnante découverte que ce jardin au style anglais, forcément romantique, bien loin du style formel et architecturé des jardins italiens de la Renaissance. Ninfa est avant tout un important village médiéval, détruit et abandonné en 1382 lors des guerres papales du grand schisme d’occident qui ont conduit à l’installation de la papauté à Avignon. Le site doit sa résurrection à la célèbre famille Caetani, propriétaire de ces terres depuis 1298 (faute d’hériter, il est aujourd’hui gérée par une fondation). De 1920 à 1977, plusieurs générations de Caetani se sont succédé pour façonner ce jardin poétique qui offre une rare palette végétale, pas moins de 1 300 espèces et variétés sur 9 hectares, dont de nombreuses espèces exotiques étonnamment acclimatées. Ninfa n’est ouvert que quelques jours par mois et ne peut être parcouru en solo. Il vous faudra donc réserver en ligne et vous joindre à un groupe d’une trentaine de personnes. Autant dire que la magie du lieu et son romantisme en prennent un coup mais cela permet de mieux maîtriser l’entretient du jardin, paraît-il. La guide apporte une foule d’informations historiques et botaniques mais encore faut-il comprendre l’italien. Il n’en reste pas moins que ce jardin mérite le détour, surtout si la brume s’invite et rend l’atmosphère encore plus fascinante. Une table dans le coin ? Prolongez la visite par celle du château des Caetani dans le magnifique village médiéval de Sermoneta, ne serait-ce que pour profiter des vues sur la campagne depuis les terrasses du château. Profitez-en pour vous promener dans les rues de Sermoneta, si bien préservée qu’elle est devenue l’un des sites de prédilection de tournages de films historiques. Beaucoup de restaurants dans la rue principale, optez pour l’un de ces 2 institutions installées dans la rue principale : Chichibio ou Bonifacio VII, tous deux chaleureux, savoureux et bénéficiant d’une superbe vue sur la vallée.

J 4 : c’était négocié dès le début, après ces visites culturelles, j’avais promis à ma petite Gaïa de 6 ans une journée dans le plus grand parc d’attraction de la région : « Rainbow Magic Land » à Valmontone, dans la banlieue de Rome. 60 hectares, 35 attractions, beaucoup de jeux d’eaux, le parc ne déçoit pas. Pour moins de 20 euros vous pouvez y passer la journée et bénéficier des attractions de façon illimitée. D’autant plus intéressant que le parc est très peu fréquenté (nous y étions un samedi après-midi et il était presque vide), donc libre à vous de faire la chenille 10 fois de suite… bien ma veine ! Attention, le personnel ne parle presque jamais anglais donc il vaut mieux maîtriser quelques mots élémentaires d’italien, devant chaque attraction une pastille indique la tranche d’âge : vert clair pour les petits, vert foncé pour tous ou rouge pour ceux qui veulent des sensations fortes. Bon à savoir : Valmontone est aussi le plus grand « outlet » d’Italie. Si vous voulez faire du shopping à petit prix, c’est ici.

Un hôtel près de l’aéroport ? Malgré un avion prévu assez tôt le lendemain, nous ne voulions pas nous résoudre à dormir à l’aéroport. Bien nous en a pris car cela nous a permis de faire un petit détour par la jolie région des Castellis Romani en faisant halte à Grottaferrata. La Locanda dello Spuntino, auberge familiale installée au cœur du village a tout pour plaire : un intérieur cosy et chaleureux habillé d’authentiques boiseries, un accueil charmant et une taverne adjacente qui attire tous les gourmands de la région ( et heureusement assez peu de touristes). A 130 euros, au calme, ensoleillée et donnant sur un charmant jardin, la chambre pour deux est une aubaine à quelques kilomètres de Rome. La taverne semble avoir inspiré Walt Disney pour La Belle et le Clochard : bouteilles de Chianti au mur, grappes de raisins suspendues aux lustres, barriques et jambons au plafond en font un décor de théâtre et, pour nous, l’auberge où l’on rêve de faire halte. La cuisine, très généreuse, n’est peut-être pas la plus fine d’Italie mais les cuissons sont justes, les produits ultra frais et les prix très raisonnables. Que demander de plus ? Le petit déjeuner servi dans l’argenterie de la maison est tout aussi bucolique quand le soleil filtre à travers la verrière. Une excellente adresse qui rend le départ difficile.

En bref, le Sud du Latium réserve quelques sites d’exception qui valent largement le voyage. Mais soyons francs, Dans un rayon de 50 km autour de Rome, la campagne a été bien abîmée. Si vous roulez au-delà de ce périmètre, vous découvrirez des paysages préservés et de très beaux villages médiévaux. Pour Gaïa et moi, ce sera un voyage inoubliable, comme toujours quand nous partons à l’aventure toutes les deux !