Le chocolat...

On rappelle son histoire avec émotion, on énumère ses multiples vertus, on décrit ses parfums complexes, mais peut-on vraiment parler de chocolat sans trahir le fugitif plaisir que procure la dégustation d’un simple carré de chocolat ? Pourquoi chercher à analyser, disséquer, rationaliser quand il s’agit simplement d’éprouver. Éprouver le ravissement du petit carré qui fond doucement sous un palais encore chaud d’une dernière gorgée de café, ou embrassé des sels multiples d’un repas ou, encore, vierge de toute saveur et terriblement avide.

Pourtant prompte aux discours lyriques, le chocolat me laisse coi. Rien à dire. Comme si, en ouvrant la bouche, je risquais de voir s’envoler ses fragrances, comme si la réflexion brouillait la délectation.

Alors, je me tais... quand je reste des heures devant le rayon chocolat de la Grande Epicerie, pour finalement acheter une tablette de chaque marque sous le fallacieux prétexte professionnel de devoir les « tester », ...quand je dévalise l’étal d’un artisan chocolatier découvert par hasard, et que je cache le paquet dans ma boîte à gants pour ne pas avoir à le partager, ... quand je cuisine (pardon, « pâtisse ») des heures durant mon produit préféré pour tenter de créer cette recette illusoire qui saura me faire préférer un gâteau au chocolat au fameux carré qui fond doucement sur un palais encore chaud... Le chocolat ne se raconte pas, il ne se consomme pas, il se goûte et se rêve.